"Ici, c’est le sanctuaire des sanctuaires, où la nature se révèle en sa formidable puissance…
...L’Homme qui a su pénétrer dans ce lieu sent son âme qui s’élève."
Jean-Baptiste Charcot, Le Français au Pôle Sud.
On ne présente plus l'expédition de Sir Ernest Shackelton à bord de l'Endurance en Antarctique de 1914 à 1917.
Parti de Géorgie du sud en novembre 1914, Shakelton devait, par la mer de Weddell, atteindre l'Antarctique sur la Coats Land et débarquer à Wahsel Bay pour traverser de part en part le continent en traîneau à chiens via le Pôle Sud. L'Aurora, du Capitaine Ænas Mackintosh doit l'attendre à l'opposé en mer de Ross.
L'Endurance, prise très vite dans les glaces d'une précoce banquise d'hiver ne parviendra jamais à atteindre la terre et sera lentement broyée puis engloutie en novembre 1915. Dès ce moment, l'expédition devient une opération de sauvetage épique, dans les glaces puis sur une mer déchaînée. Elle se dénouera par l'arrivée d'un petit groupe en Géorgie du sud où Shackelton savait trouver la station de chasseurs de baleine d'où ils étaient partis, mais ils devront encore traverser l'île à pied et l'escalader pour y parvenir. Secouru, parvenu à Punta Arenas, après de nouvelles péripéties éprouvées pour trouver un navire, le gouvernement chilien prêtera le petit vapeur Yelcho et Shackelton reviendra chercher ses compagnons qui l'attendent sur l'île Éléphant.
L'explorateur à raconté son épopée dans un ouvrage L'Odyssée de l'Endurance, Éditions Phébus, et le photographe Franck Hurley, embarqué pour couvrir l'expédition, rapportera des films et plusieurs centaines d'images d'exellente qualité qui on été publiées intégralement dans un récent ouvrage collectif : Histoire d'une survie, Éditions du Chêne.
La scène se situe en octobre 1915, dans les semaines qui précèdent la dislocation complète du voilier. Un camp est installé sur la banquise et tous les équipements utiles et transportables débarqués. Le groupe s'apprète à remonter vers le nord pour tenter de rejoindre les eaux libres en direction de l'Amérique du sud. Pour cela, il lui faut traîner les trois embarcations du navire, baptisées des noms des principaux mécènes de l'expédition : James Caird, Dudley Docker et Stamcomb Wills. Après des mois d'une traversée harrassante, ils atteindront l'île Éléphant en avril 1916. Là, en vue de la traversée en eaux libres, le Dudley Docker sera démonté pour renforcer et ponter le James Caird, baleinier de 7 m qui prendra la mer avec six hommes tandis que les autres attendront se nourrissant de leur chasse, abrités sommairement sous le Stamcomb Wills retourné. Le Yelcho y parviendra le 30 aout 1916.
Gros plan sur le camp avec le poste de vigie aux couleurs du Roi d'Angleterre et du Royal Clyde Yacht-Club, les tentes, le débarquement des caisses de vivres et de matériel, et, près de la muraille du navire, les igloos des chiens.
Le navire est ici représenté encore dans toute sont intégrité. En effet, une tentative de le montrer en cours de destruction n'aurait pas mis en valeur son élégante sihouette et le gréement brisé risquait de donner une image confuse nuisible à l'esthétique de la composition.
Deux embarcations sont encore à poste sur les bossoirs tandis que le James Caird est halé à dos d'hommes sur un traîneau de l'autre coté, derrière le navire. Le poste de vigie permet aux hommes partis chasser ou en reconnaissance de se repérer. La "Voie des pylônes", constituée de monticules de neige reliés par un câblot, fait fonction de fil d'Ariane pour revenir sans se perdre.
Si les différentes scènes suivent scupuleusement le récit et les images, leur localisation dans le temps et dans l'espace en est un concentré. Trois campements : Dump camp, Océan camp et Patience camp se rassemblent en à un seul, les différentes activités se déroulent en fait en des lieux et à des moments différents.
Trois manchots déambulent devant la Voie des Pylônes.
Le chaos glaciaire La Voie des pylônes.
© Franck Hurley Histoire d'une survie, Éditions du Chêne.
Traînage du James Caird qui parviendra ainsi jusqu'à l'île Éléphant, puis à flot, en Géorgie du Sud.
© Franck Hurley, Histoire d'une survie, Editions du Chêne.
Sur un glaçon tabulaire, un homme chasse un éléphant de mer.
L'Endurance, alors en parfait état, la jeune banquise n'est pas encore bouleversée par la pression croissante des glaces.
© Franck Hurley, Histoire d'une survie, Editions du chêne.
Croquis du périple. (sans échelle)
La banquise est en plâtre, les glaçons en pâte à modeler ultra légère "Aquasoft" Faber, séchable à l'air. Le navire, les personnages et les équipements sont en bois, bambou, papier de soie, papier aquarelle Arches et mastic synthétique à carrosserie.
Le plâtre, gâché très liquide pour obtenir une moindre densité après séchage, est coulé à l'aide d'un entonnoir et d'un tuyau d'arrosage. Un petit tuyau souple descendu sur le plâtre et branché à l'autre extrémité sur une pompe à air d'aquarium en assure le séchage en quelques semaines en créant une ventilation forcée dans la Dame-Jeanne (séchage quasiment impossible autrement : les vapeurs d'eau montent, se condensent sur le verre et redescendent sans pouvoir sortir, puis le plâtre moisit).
Références : L'Odyssée de l'Endurance, Sir Ernest Schackleton, Éditions Phébus.
Histoire d'une survie, Collectif, Editions du Chêne.